Réflexion sur l’accueil d’urgence

Une grande majorité de femmes (par rapport au nombre d’hommes) se retrouvent dans une situation d’urgence suite à des violences psychologiques et physiques, des expulsions de domicile, etc. Ces situations ce crise ont comme point commun d’entraîner une grande faiblesse psychologique et physique créée par l’humiliation et la peur, notamment. Elles sont souvent accompagnées de leurs enfants et se retrouvent démunies de ressources financières, matérielles et psychologiques.

Au moment de l’accueil au commissariat dans un premier temps, elles se retrouvent dans le même lieu que les personnes qui viennent pour des plaintes diverses. Durant une attente très importante ces femmes assistent, avec leurs enfants, à des scènes de violence…

La confidentialité est inexistante, elles doivent exposer devant les autres leur situation. Le personnel n’est pas formé pour les recevoir et répondre à leur détresse.

Par la suite, le manque considérable de structures d’accueil d’urgence où ces personnes pourraient loger dans une période de transition avec leurs enfants est un obstacle considérable à leur insertion sociale et à leur autonomie. Pour elles, bénéficier d’un protocole leur permettant de faire appel à un accueil d’urgence, c’est leur permettre de chercher sereinement un logement définitif, c’est répondre à la précarité de leur situation du moment : leur faiblesse psychologique et économique, c’est leur donner un tremplin pour leur accès à l’autonomie familiale et économique.

Ce manque de structures a également des conséquences sur les familles expulsées. Ne plus avoir de logement contribue à l’exclusion des individus et des familles. Les en priver, c’est les enfoncer dans l’exclusion. Le logement est à la base de toutes les insertions.

A l’heure actuelle, ces personnes ne peuvent avoir recours à ce type de solidarité et de processus d’intégration sociale.

Conséquences :

  • Les femmes victimes de violences ont peur de se rendre au commissariat

  • elles ressentent une forte pression sur place, victime de manque de discrétion et de jugements divers de la part du personnel

  • elles entretiennent un sentiment de culpabilité, de peur, de solitude et de honte

  • elles sont dissuadées de porter plainte contre leur conjoint

  • elles se sentent fautives face à l’impunité de leur conjoint violent

  • par manque de structure d’accueil et d’information sur les démarches à entreprendre pour obtenir un logement, elles retournent souvent dans le foyer conjugal malgré les risques de récidives de leur conjoint

  • sans logement, elles ne peuvent entreprendre aucune démarcher d’insertion : recherche d’emploi, de formation, etc.

Nous préconisons :

  • La mise en place d’une cellule d’accueil spécifique en prévoyant un lieu isolé pour l’accueil par des personnes formées à cet effet.

  • De favoriser l’instauration d’un système de réseau que le personnel maîtriserait pour les orienter au mieux et le plus rapidement possible

  • De revoir l’Interruption Temporaire de Travail qui devient aléatoire en tant que critère de validité d’une plainte pour violences, dans ce contexte de faiblesses psychologiques et physiques renforcées par un sentiment de honte.

  • D’exiger une sanction adéquate immédiate envers la personne contre laquelle une plainte est déposée pour un acte délictueux relevant du pénal

  • D’ouvrir des structures d’accueil d’urgence adaptées à la vie de famille où un travail en partenariat avec les associations et les institutions leur permettant de procéder à des demandes de logement dans le parc public ou privé.