Familles monoparentales et scolarité: Du travail laborieux à l’invisibilité

Quelle égalité face aux devoirs dans des familles où un seul des parents est présent aux côtés des enfants ? Dans des familles vivant dans l’angoisse du chômage et de la précarité ? Dans des familles où le parent a des horaires de travail décalés et changeants par rapport aux horaires scolaires ? Ou se situe le choix quand travailler relève d’un jonglage permanent épuisant, qui écarte le parent de son rôle d’accompagnateur de la vie de l’enfant ?

Ces personnes qui jonglent au quotidien, ces « travailleurs laborieux », sont des “invisibles”. Ils représenteraient plus de 40% de la population active française. “Autant dire que dans l’ombre de chaque Français qui parvient à exister socialement et économiquement se tient un « Invisible », qui rend cette existence possible, plus fluide, plus profitable […].” (Fondation “Travailler autrement) . Une étude de la Fondation  démontre que ces invisibles ont des vies personnelles et professionnelles contraintes.

  • Leur vie familiale est souvent source de difficultés notamment pour les familles monoparentales et les femmes isolées. 
  • Les femmes sont surreprésentées puisqu’elles constituent 54% des Invisibles.
  • Le logement est un besoin primaire difficile à satisfaire.
  • Les transports et la mobilité géographique imposent un rythme de vie tendu.
  • Les contraintes et la pénibilité de leur travail les usent quotidiennement.
  • Le pouvoir d’achat faible n’apporte aucune respiration dans la vie de tous les jours.

Les mères familles monoparentales sont plus susceptibles d’être exposées de façon croisée à ces multiples facteurs de fragilisation. Les difficultés matérielles, par humilité, honte, peur du jugement, ou encore le manque de temps favorisent l’invisibilité des parents seuls dans la sphère scolaire.

Le croisement de données démontre que c’est l’organisation du monde du travail qui rend difficile voir impossible la conciliation vie professionnelle/ vie familiale. L’absence de soutien épuise la disponibilité, l’éloignement de la sphère éducative. Qui n’a pas senti ce reproche de ne pas être aux réunions de début d’année, pourtant souvent vides, l’oppression d’être indisponible pour les appels des établissements ?

Ne pas être présent ne veut pas dire choix délibéré de ne pas être investit. Car même si la mise en place des logiciels peut favoriser les échanges entre familles et équipes pédagogiques, encore fait il avoir l’accès, la connaissance, la compréhension, la disponibilité  ou ne serait ce que l’énergie de s’investir.